Papier fait à la main pour suggérer, en s’inspirant des haikus choisis, l’écume de la mer, les ailes de papillons, le ciel illuminé par la lune.
Ce sont des feuilles de table posées comme sur des tiges d’une fleur que l’on peut déplacer sur la tige tordue selon le caprice du moment; ce sont des instants et des sensations retenues après la lecture de textes pleins d’évocations poétiques qui rappellent l’enchantement de la nature.
DUE PICCOLI LIBRI ACCOLTI IN UN LEGGIO OSTENSIVO DI LEGNO. UN LIBRO COME BREVIARIO, LE PREGHIERE SONO SOSTITUITE DA POESIE DI EMILY DICKINSON E AMY LOWELL, LE IMMAGINI SACRE SOSTITUITE DA IMMAGINI DI CIELI E MARI E CROMIE SENZA UNO SPECIFICO SOGGETTO. PICCOLI SEGNA PAGINE DI RAME OSSIDATO AGEVOLANO L’APERTURA DELLE PAGINE E INVITANO ALLA LETTURA. IL SECONDO LIBRO È UN RACCONTO DI TIMBRI E SIMBOLI, LA SCELTA DELLA CARTA BIRMANA È FUNZIONALE ALL’IMMAGINE DI MAGICA ATMOSFERA CHE PUÒ SUSCITARE NELL’OSSERVATORE, SONO PAGINE APPENA SUGGERITE ALLA VISTA, IL LIBRO APERTO A VENTAGLIO È BARRIERA E SFONDO. IL LEGGIO OSTENSIVO È DI LEGNO SEGNATO DA SOLCHI, CONTIENE ED ESPONE SIMBOLICAMENTE GLI STRUMENTI ATTI ALLA COSTRUZIONE DI LIBRI, IL COLTELLO PER TAGLIARE LA CARTA, CALAMAI PER L’INCHIOSTRO, PESI E PUNZONI, PUNTE PER FORARE I FOGLI O LA PELLE… L’AGO E IL FILO RINCHIUDONO I LIBRI IN UNO SPAZIO CONCLUSO.
CETTE ŒUVRE IDENTIFIE DEUX ASPECTS DE LA LECTURE: UN PUPITRE-ÉCRITOIRE RÉALISÉ EN BOIS D’ORME, ET QUATRE PLANCHES INCLINÉES RÉALISÉES EN MATÉRIAU TRANSPARENT.
LA FORME EN BOIS SERT À LA FOIS DE CONTENANT ET DE BASE POUR EXPOSER LES PAPIERS QUI PRIVÉS DE PAROLES SE DÉVELOPPENT ET SE DÉNOUENT COMME DES CARTOUCHES ONDULÉES. SUR LES PLANCHES TRANSPARENTES ADOSSÉES AU PUPITRE SONT PLACÉES DES FEUILLES FAITES À LA MAIN COMPORTANT DES ÉCRITS QUI SE MONTRENT, QUI AFFLEURENT OU SE CACHENT ÉTANT VISIBLES DES DEUX CÔTÉS. C’EST UN ENCHAÎNEMENT DE PENSÉES DANS L’ACCUMULATION DE PAPIERS, DE SIGNES, DE MOTS. J’AI CHOISI COMME LIGNE GUIDE QUATRE POÈMES HAIKUS, (UN PAR PLANCHE) DU POÈTE JAPONAIS BUSHO (1643-1694). CE CHOIX M’A AIDÉ À ME GLISSER DANS LE TEXTE À TRAVERS LA COULEUR QUE J’AI CHOISIE: LE ROUGE ET SES DIVERSES TONALITÉS FAISANT PENSER AUX ASPECTS CHANGEANTS D’UN CIEL DU SOIR ET NOCTURNE.
DANS LA POÉSIE JAPONAISE ET CHINOISE, L’IMAGE DE LA LUNE D’AUTOMNE, QUI DANS MON CAS EST PROTAGONISTE DES QUATRE HAIKUS, REVÊT UNE IMPORTANCE PARTICULIÈRE. ELLE EST REPRÉSENTÉE PAR DES TRACES CLAIRES, DES ÉCLATS, DES APPARITIONS FUGACES DANS LE CIEL. SUR LA BASE QUE SUGGÈRE UN ÉCRITOIRE-PUPITRE, SONT PLACÉS LES INSTRUMENTS DE L’ÉCRITURE QUI RENVOIENT À L’USAGE TRADITIONNEL DES POINÇONS ET À LA PIERRE POUR DISSOUDRE L’ENCRE.
LES PARALLÉLIPIPÈDES EN FER RAPPELLENT LES FORMES DES ÉLÉMENTS PRESSEURS, PRESSE-PAPIERS, MARQUE-LETTRES ET S’OPPOSENT PAR LEUR POIDS CORPOREL À LA LÉGÈRETÉ ÉVOCATRICE DES ÉCRITS.
QUATRE FEUILLES AVEC SUR LE DEVANT LE TEXTE INSÉRÉ AU TABLEAU, À L’ARRIÈRE COMME LIEN ET CHARNIÈRE ENTRE LES DEUX PARTIES QUI COMPOSENT CHAQUE FEUILLE. LE PAPIER EST FAIT À LA MAIN ET COMPREND PLUSIEURS COUCHES DE FEUILLES SUPERPOSÉES REPROPOSANT DES SENSATIONS SUGGÉRÉES PAR LA LYRIQUE. LE CONTENANT EST À LA FOIS BOÎTE ET NICHE ET SYMBOLISE AU FOND “LA CONQUE VIDE” RENFERMANT D’ANTIQUES PRÉSENCES: DES PLAQUES, DES TIGES, DES ROCHERS. LE RAPPEL DE LA CONQUE SE RETROUVE DANS LA BASE DE LAITON BRILLANT QUI ACCUEILLE LE NOM DE LA POÉTESSE TAO YUN.
HAUT S' ÉLÈVE LE PIC DU LEVANT
PLANANT DANS L'AIR JUSQU'AU CIEL BLEU
LÀ, ENTRE LES ROCHERS,
UNE CONQUE VIDE,
SECRÈTE, SILENCIEUSE, MYSTÉRIEUSE,
NI SCULPTÉE, NI CREUSÉE,
LA NATURE LA PROTÈGE D'UN TOIT DE NUAGES…
TEMPS ET SAISONS, QUI ÊTES-VOUS
VOUS QUI INLASSABLEMENT CHANGEZ MA VIE?
JE VEUX RESTER TOUJOURS DANS CETTE CONQUE,
LÀ OÙ LES AUTOMNES ET LES PRINTEMPS PASSENT
INAPERÇUS.
DÉSORMAIS CES LIVRES ONT DÉCIDÉ DE S’ÉLEVER DES CONTENANTS ET DES PUPITRES EN BOIS ET EN MÉTAL.
CE SONT DES OBJETS-SCULPTURES COMPLEXES QUI RENVOIENT AU-DELÀ DE LA SIMPLE LECTURE, CE SONT DES “OBJETS-LIVRE” COMME DES TOTEMS OU DES SACRARI.RACONTER AVEC DES TRACES QUI CORRESPONDENT AU SIGNE ET À LA CALLIGRAPHIE, EXERCICES DE STRUCTURE ET DE DESCRIPTION POUR UN LANGAGE DES CHOSES, PRÉSAGES D’UN MONDE DONT LE PASSÉ POURRAIT S’ÉVANOUIR DANS LA FUGACITÉ D’ UNE COMMUNICATION SANS PAPIER ET SANS ENCRE.
UN CONTENITORE DI LEGNO ACCOGLIE DIECI FOGLI DI CARTA FATTA A MANO, PAGINE DIPINTE E SCRITTE, IL TESTO È UNA POESIA DI AMY LOWELL CHE SPIEGA E SUGGERISCE AD UN IPOTETICO PITTORE COME DIPINGERE UN GIARDINO IMPRESSIONISTA. I FOGLI SEGUONO IL TESTO NEL SUO EVOLVERSI E PER AGEVOLARE LA LETTURA POSSONO ESSERE MESSI DI LATO, AL TERMINE DEL TESTO IL GIARDINO È FINITO, COLORI E FIORI HANNO TROVATO LA LORO COLLOCAZIONE VEGETALE-PITTORICA.
J’ai toujours aimé le papier, du papier de soie hyper léger aux lourdes feuilles de papier de riz, les papiers d’emballage et les papiers peints, les papyrus et les papiers usagés y compris ceux qui emballent la nourriture. Je les ai utilisés en couches superposées, collés et pressés, je les ai teints, déteints, froissés, déchirés, coupés en petites lamelles, abandonnés dans mon jardin et récupérés quand leur état d’usure était « bon pour moi ». J’ai formé des nids, des pages de mots, de longues bandes peintes et écrites, ensuite j’ai commencé à fabriquer moi-même les feuilles. Au laboratoire « Le Navile », je fis ma première rencontre avec pâte et claies et bassins pleins de bouillie merveilleuse dans laquelle rien que de tremper mes bras me procurait un immense plaisir. Là-bas, j’ai commencé à faire mes propres feuilles et à y incorporer des parties préparées à l’avance, des pages, des mots, des papiers colorés, des cordes et des rubans. Dans les feuilles j’ai ouvert des coupures et des brèches et j’en ai fait sortir d’autres papiers et fragments, comme des parties parlantes. Ces feuilles ont été suspendues comme des habits sur des cintres. Elles ont formé de grands et de petits livres, toujours des mots et des couleurs et ce matériau extraordinaire qui fait des plis quand on le veut et des bulles, des renflements et excroissances comme des bubons, mais de beaux bubons blancs qu’on ouvre et d’où pointent d’autres matériaux. Désormais ces livres ont décidé de s’élever de leurs bases et pupitres en bois et métal. Ce sont des objets-sculptures complexes qui renvoient au-delà de la simple lecture, ce sont des « objets-livre » comme des totems ou des sacrari.
J’ai interprété le Cantique comme la lecture d’un livre de papier fait à la main, comme s’il était consumé par le temps, marqué de plis, de coupures et de notes. Dans la pâte de cellulose, j’ai inséré des matériaux divers comme des feuilles de cuivre, des papiers précédemment traités, des métaux de différentes natures. J’ai divisé les strophes selon les couleurs symboles des quatre éléments: l’air, l’eau, la terre, le feu. La couleur or est réservée au Créateur et à toutes ses particularités. Les pages contiennent des sceaux, des marque-pages et des châssis qui portent entremêlés les adjectifs divins et les strophes sur la mort. Le dos du livre fait de matériau blanc, est traité de différentes manières, symbole d’un tronc d’arbre qui accueille des fragments de paroles sur de longues bandes et comme des ramifications, descendent de la feuille placée au-dessus du livre, concourant à créer les rimes du texte.
Pendant des années, elle me récitait de petites parties de poèmes qu’elle avait composés il y a très longtemps, des morceaux qui émergeaient de sa mémoire comme de courts fragments d’écrits oubliés. J’ai beaucoup insisté et c’est seulement quelques années avant de mourir qu’elle a écrit ce dont elle se souvenait. Un jour je lui ai donné quelques-uns de mes textes. C’était la première fois
qu’elle lisait mes réflexions. Quelques jours après elle m’a donné un poème qui m’était dédié.
Ce fut le début d’une période courte mais intense, faite d’échanges continus de vers et si forte que quelquefois nos écrits reportaient, même si de manière différente, les mêmes sensations et images. Un exemple à citer est celui écrit sur les merles qui correspond presque à la même date.
Ainsi, comme a commencé cette phase de nos rapports, celle-ci est désormais terminée. Quant à moi, j’ai continué à écrire. Ce ne fut plus possible pour elle, elle avait presque quatre-vingt-dix ans.
Les derniers poèmes révèlent une écriture tremblante. Elle me confessait qu’elle les avait transcrits plusieurs fois mais désormais sa belle calligraphie s’en était allée bien qu’elle s’efforçât de la retrouver, elle en était frustrée et affligée.
Nos rapports ne se sont pas toujours passés comme cela. De continuelles disputes ont parsemé les années de ma jeunesse et bien longtemps après. Ensuite quelque chose a changé, on a cultivé ensemble un sentiment nouveau qui a grandi comme une plante forte.
Elle a arrêté de vouloir diriger ma vie, elle a pour ainsi dire passé le relai; quant à moi j’ai commencé à prendre en mains la sienne.
Ce ne fut pas toujours facile, nous avions toutes les deux des caractères indépendants. Avec le temps, elle a accepté que je la conduise lentement aux limites de la vie. Elle s’est livrée. Quant à moi je l’ai tenue bien serrée et je l’ai emmenée, je l’espère, à ne pas avoir peur.
Luisa Balicco
Ce fut mon premier livre. J’y ai rassemblé les quelques poèmes de ma mère. J’ai créé des images qui pouvaient accompagner le texte, petites gouaches aux éclats dorés. La couleur rouge cadmium foncé a été le fil conducteur des images et des textes.
La couverture est différente pour chaque livre; le titre sur chacun est écrit à la main et j’y ai ajouté des signes de couleur rouge.
Chaque livre est un unicum.